De la méthanisation à la mobilité, la Vendée toujours très active dans le biogaz

De la méthanisation à la mobilité, la Vendée toujours très active dans le biogaz
Chargé de projets et d’exploitation GNV pour Vendée Energie, Laurent Sorin vient de voir son champ de responsabilité s’élargir à la méthanisation. Petit détour par un territoire qui assure l’avenir de la mobilité avec une saine diversité d’énergies renouvelables, dont le biogaz fait partie.
 
« On ne peut pas gérer une station d’avitaillement bioGNV sans avoir un lien étroit avec les unités de méthanisation ». Avec ces quelques mots qu’il nous a confiés jeudi 9 février dans le cadre du salon Bio360 Expo 2023, Laurent Sorin résume sa démarche pour asseoir ses fonctions avec une vision plus complète, plus intégrée. De quoi gagner en efficacité au final.
 
Le chargé de projets et d’exploitation GNV pour Vendée Energie « continue à être un accompagnateur des énergies produites sur le territoire », avec un lien plus concret, plus réel avec le biogaz : « Le lien a toujours été présent d’une certaine manière. Jusqu’à aujourd’hui, je m’occupais plus particulièrement de la partie touchant aux stations de distribution, avec l’idée de développer ces énergies. Désormais, je vais avoir une visibilité du début jusqu’à la fin, c’est-à-dire depuis la production jusqu’aux usages ».
 

Interlocuteur dédié

« Depuis 2 ans, le Sydev [NDLR : Syndicat d’énergie de la Vendée], avec lequel nous avons un lien étroit, compte un chef de projets dédié aux unités de méthanisation. Il s’agit de Jérémy Vion. Chez Vendée Energie, c’est notre directeur qui assumait cette fonction depuis 3-4 ans », expose Laurent Sorin. « Mais notre effectif est passé à 17 collaborateurs dernièrement, avec pas mal de dossiers à gérer, notamment pour le photovoltaïque. C’est pourquoi j’ai échangé avec notre directeur sur l’intérêt d’un interlocuteur dédié aux unités de méthanisation chez Vendée Energie », explique-t-il. « J’en ressentais le besoin en particulier pour celles qui se préparent à accueillir Vendée Energie dans leur capital, et le suivi ensuite. Notre société d’économie mixte reste minoritaire dans le capital de ces unités, mais ça permet à leurs acteurs d’obtenir plus facilement un financement. Les banques sont ainsi rassurées, et les projets se renforcent », poursuit-il.

 

Ce n’est pas une énergie de transition

« Dans le cadre des plans climat-air-énergie territoriaux, nous fondons aussi des sociétés de projets avec les communautés de communes où, là, Vendée Energie est majoritaire. Ce qui aide à créer de l’énergie renouvelable sur ces territoires. On le fait pour le photovoltaïque au sol, en toiture et autre, mais aussi pour la méthanisation », témoigne Laurent Sorin.
 
« Il y a une véritable dynamique au niveau des collectivités locales et du monde agricole concernant la méthanisation. Elle est actuellement un peu ralentie en raison du contexte énergétique actuel. Le prix de rachat du gaz est important dans le milieu bancaire », souligne-t-il. « Sur le salon, on ne peut que constater qu’il y a encore des porteurs de projets. On perçoit bien le besoin d’accompagnement du monde agricole. Il est nécessaire que les pouvoirs publics se positionnent pour une trajectoire énergétique affirmée au bénéfice du biogaz. Ils ne doivent pas donner l’idée qu’il s’agit d’une énergie de transition, mais bien d’une énergie qui a sa place sur le long terme. N’oublions pas que la méthanisation nécessite des investissements sur 15-20 ans », insiste-t-il.
 

La station de La Roche-sur-Yon

« Les autobus GNV se développent à La Roche-sur-Yon avec le concours de l’opérateur RATP Dev. Le transporteur Soveteur exploite également des autocars GNV. Ils sont 13, que l’on retrouve aussi bien pour le ramassage scolaire dans les communes aux alentours que pour les lignes régulières », commence à lister Laurent Sorin.
 
« Deux bennes à ordures ménagères font également le plein de bioGNV dans notre station multiénergies vertes de La Roche-sur-Yon, en alternance avec celle de La Chaize-le-Vicomte où elles allaient déjà s’avitailler auparavant. La position centrale de l’établissement a aussi décidé des transporteurs à adopter ce carburant. GRDF exploite 10 véhicules légers compatibles, et le Sydev 6 », complète-t-il.
 
« Pour l’hydrogène, 14 clients ont signé un contrat, avec badges, à la station de La Roche. Cela représente 18 véhicules, dont 2 autobus de marque Caetano. Le Sydev a investi pour la distribution de l’hydrogène. Une compétence de Vendée énergie pour les stations dédiées pourrait également être intéressante. D’ailleurs, notre Sem endosse déjà le rôle d’interlocuteur du Sydev pour les utilisateurs de l’hydrogène, par exemple pour l’établissement des contrats et la gestion des badges », justifie-t-il.

 

La place de l’électrique à batterie

« On a plutôt tendance à entendre des prises de position aujourd’hui en faveur du tout électrique. Mais il y a différentes manières de réduire les émissions de carbone. Une électrification trop massive poserait plusieurs problèmes, comme celui de la surcharge des réseaux, et la disponibilité des matériaux pour réaliser les batteries. Remplacer le diesel de façon acceptable et finançable sera plus compliquée avec une seule énergie », prévient Laurent Sorin.
 
« Prendre les émissions seulement du réservoir à la roue, ce n’est pas suffisant. Si on ne le fait pas en tenant compte des ACV, on peut se fermer des portes. Or la planète n’a pas de frontières pour les émissions », milite-t-il. « Pour les véhicules de moins de 3,5 tonnes, le sujet a déjà été tranché à cause de la méthode de calcul des émissions. La messe est dite, c’est l’électrique. C’est verrouillé pour ces véhicules au niveau de l’Europe et du gouvernement », se désole-t-il.
 
« Au-delà de 3,5 tonnes, l’électrique ne peut pas répondre à tous les usages. Il faudrait des batteries avec des puissances déraisonnables. Nous ne comprendrions pas que le bioGNV et l’hydrogène ne soit pas sentis comme des maillons acceptables pour la mobilité des poids lourds. Pour le bioGNV en particulier, la techno est fiable avec un coût d’accès beaucoup plus appréhendable », rappelle Laurent Sorin. « Ne pas vouloir se baser sur les ACV pour les poids lourds au prétexte que ce serait trop compliqué est un argument qui ne tient la route que si on l’a décidé ainsi. Ce serait un faux problème, car les certificats d’énergie permettent de pouvoir effectuer les calculs nécessaires », rétorque-t-il. « La filière du GNV joue gros cette année avec la décision européenne à venir. Ce serait vraiment dommage de passer à côté d’une vraie mixité des énergies pour la mobilité qui a aussi son importance pour la souveraineté énergétique », conclut-il


 
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Laurent Sorin pour sa disponibilité lors du salon Bio360 Expo 2023.
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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