De la méthanisation à la station bioGNV : Agribiométhane témoigne à Biogaz Europe

De la méthanisation à la station bioGNV : Agribiométhane témoigne à Biogaz Europe
Damien Roy, un des 10 agriculteurs vendéens à l’origine d’Agribiométhane, était tout simplement passionnant dans sa manière de présenter le projet novateur en France à l’occasion du salon Biogaz Europe. Ce que ce programme a de spécial, c’est qu’il a permis à un groupement d’agriculteurs de 4 exploitations (3 laitières + 1 porcine) d’ouvrir il y a 18 mois environ, à 300 mètres de leur propre unité de méthanisation, une station d’avitaillement en bioGNV. Inutile de préciser que le conférencier a rejoint le salon avec une voiture alimentée par ce carburant propre !
 

24.000 tonnes de déchets

Chez Agribiométhane, ce sont 24.000 tonnes de déchets qui sont traités par an. « En 2018, nous avons vendu pour 1,1 million d’euros de biométhane », a chiffré Damien Roy. Aux professionnels qui l’écoutaient, il a assuré : « La régularité d’injection est payante. Toutes les heures nous ajoutons un mélange de déchets dans la fosse ».
 
Si le groupement espère à terme commercialiser toute sa production de biométhane via sa station AgriCarbur’, aujourd’hui elle n’en distribue qu’environ 20% du volume obtenu. Equipé de 3 pistes pour les poids lourds et d’une pour les véhicules légers, le site reçoit en moyenne chaque jour 15 poids lourds et 12 voitures. « La station est en capacité de faire quotidiennement le plein des réservoirs de 50 camions », a répondu Damien Roy à notre question sur le sujet, posée après sa conférence.

Torchères

Agribiométhane injecte toute sa production de biométhane sur le réseau, comme le lui impose le contrat signé avec Engie, dans le cadre des dispositions légales françaises. A certaines périodes, notamment l’été et le week-end, le réseau national est sous pression, et le point d’injection est fermé, rendant alors quasi incontournable de libérer dans l’air le trop plein de production en le brûlant dans des torchères.
 
Le groupement a trouvé une parade qui passe par une gestion fine de l’unité de stockage de la station. Cette dernière est composée de 2 compresseurs d’un débit unitaire de 500 Nm3/h qui remplissent des bouteilles pour l’équivalent de 10 pleins de camions, soit 12.000 litres. Un système pilotable à distance.

 

Stockage différé

Pour ne pas avoir à utiliser de torchère le dimanche, l’unité de stockage se vide progressivement à l’approche du week-end. Le remplissage des réservoirs des véhicules est ensuite effectué avec une compression en temps réel, au coup par coup. Le dimanche, alors qu’une impossibilité d’injecter sur le réseau est possible du fait de sa surcharge, le biogaz produit va remplir les bouteilles de l’unité de stockage.
 

Sans détours

Damien Roy a répondu sans détours aux questions posées par les auditeurs venus nombreux pour entendre son témoignage. Il avait insisté lors de son exposé sur la production locale du bioGNV délivré à la station vendéenne de Mortagne-sur-Sèvre.
 
Un scénario auquel les grands pétroliers ne peuvent rivaliser, disposant de certificats d’origine pas forcément français. « Le gaz naturel délivré par la station vient-il vraiment directement de votre unité de méthanisation ? », a demandé quelqu’un dans l’assistance. « Non, car nous avons obligation d’injecter toute notre production sur le réseau ! Nous revendons notre biométhane à Engie 12 centimes du kW, et lui rachetons, moins cher, la part que nous délivrons à la station », a répondu l’agriculteur.
 

Une activité rentable ?

« Est-ce rentable ? », s’est inquiétée une autre personne. « Aujourd’hui, nous perdons de l’argent sur la station. Nous sommes dans une phase où nous cherchons à faire du volume pour que la station soit rentable demain », a schématisé Damien Roy.
 
« Une taxe à payer sur le bioGNV ? » : une autre question venue du public. « Oui, 1%. Jusque fin 2018, nous devions faire une déclaration tous les mois à la douane et effectuer un règlement en conséquence. Depuis janvier 2019, c’est Engie qui nous facture cette taxe, ce qui nous délivre d’une contrainte administrative », a précisé le conférencier.

 

Cas d’école

Quoi qu’il en soit, la démarche d’Agribiométhane, interpelle, plaît et fait se déplacer sur le site des agriculteurs qui aimeraient emboîter le pas au groupement vendéen.
 
« En vendant dans une station sur place un carburant bien moins cher que le gazole ou l’essence, nous apportons du concret aux riverains qui, parfois, sur le territoire national, s’inquiètent et s’opposent à des projets de méthanisation près de chez eux », a confié Damien Roy.
 

Exploiter le CO2

« Avec notre production de biogaz, nous rejetons dans l’air chaque année entre 1,1 et 1,2 tonnes de CO2 », déplore le représentant d’Agribiométhane. « Depuis le début du projet, je cherche à éliminer cette situation. Nous allons pour cela transformer ce CO2 gazeux en CO2 liquide qui sera exploité dans des serres pour la production de tomates et de concombres », a souligné Damien Roy.
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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1 Commentaire

  1. DanielPublié le 01/02/2019 à 22:51

    Bonjour,
    Quand cette installation deviendra-t-elle rentable?
    sincèrement

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