Quand un jeune agriculteur s'investit à fond dans le biogaz
Adrien Perrier, établi dans le secteur de Connantre, dans la Marne, n’a que 21 ans. Et pourtant son engagement à développer la méthanisation et la mobilité bioGNV semble porté par une intense réflexion. Sur le terrain, il a appris la prudence et à attendre le bon moment. Après la construction d’une unité de méthanisation, il espère bien participer un jour au développement d’une station bioGNV.
Six unités d’enseignement sont balayées en 1 an : la mise en place d’un projet de méthanisation, la conduite biologique d’un digesteur, les aspects logistiques liés aux substrats, la maintenance et l’entretien du méthaniseur, les débouchés et la commercialisation du biogaz et la valorisation du digestat, les aspects économiques. Adrien Perrier a suivi la session 2018-2019 de ce cursus, choisissant le bioGNV comme sujet à son mémoire.
« En outre, nous avons tenu au bon déroulement du projet en organisant une réunion publique d’informations ouverte aux élus et à la population, et en nous dirigeant sur un site qui ne gêne personne. Ainsi en nous installant près d’une usine de déshydratation disposant déjà d’une canalisation GRTgaz. Elle traite de façon cyclique et en alternance des pulpes de betteraves et de la luzerne pour en obtenir des granulés d’alimentation pour les animaux d’élevage », poursuit-il. « Il y a une dizaine d’années, nous avions déjà proposé à cette entreprise, sans succès, de monter un projet de méthanisation avec cogénération », se souvient-il.
« Depuis 5 ans l’élevage bovin se développe, avec actuellement 70 mères charolaises et parthenaises. En plus des cultures céréalières classiques, comme le blé et l’orge, nous produisons de la luzerne, des pommes de terre de consommation, ainsi que des betteraves fourragères et sucrières », liste-il, précisant que la sucrerie n’est distante que de 3 kilomètres de la ferme.
« Nous aurions pu réunir autour de notre projet ces 20 transporteurs. Mais un article publié en octobre dernier dans le quotidien local L’union a décidé un autre acteur connu sur le territoire, et financièrement plus solide que nous, à faire connaître également ses intentions d’ouvrir au même endroit une station bioGNV. Je n’ai pu réunir que 10 transporteurs, les 10 autres ayant fait le choix de rejoindre l’autre projet », déplore Adrien Perrier.
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Adrien Perrier pour avoir répondu très rapidement à notre sollicitation et trouvé du temps dans son planning chargé pour réaliser l’entretien.
Mémoire sur le bioGNV
En partenariat avec l’école nationale supérieure d’agronomie et des industries alimentaires (Ensaia), l’EPL Agro de la Meuse dispense à Bar-le-Duc, depuis quelques années, une formation unique en France qui débouche sur un diplôme universitaire « Mise en œuvre d’une unité de méthanisation ».Six unités d’enseignement sont balayées en 1 an : la mise en place d’un projet de méthanisation, la conduite biologique d’un digesteur, les aspects logistiques liés aux substrats, la maintenance et l’entretien du méthaniseur, les débouchés et la commercialisation du biogaz et la valorisation du digestat, les aspects économiques. Adrien Perrier a suivi la session 2018-2019 de ce cursus, choisissant le bioGNV comme sujet à son mémoire.
Construction d’une unité de méthanisation
Appelé à reprendre l’exploitation familiale dans quelques années, le jeune salarié agricole se lance déjà dans la méthanisation. « Nous attendons les beaux jours pour commencer à construire, vraisemblablement dans 2 mois, notre unité. Nous avons programmé un début de production (300 Nm3/h ) en janvier 2021, avec injection directe GRTgaz », commente Adrien Perrier. « La partie administrative a été longue, mais elle touche à sa fin », témoigne-t-il. « Notre biogaz sera obtenu d’un mélange comprenant ¼ d’effluents d’élevages (fumier), ¼ de cultures intermédiaires à vocation énergétique, ¼ de betteraves, et ¼ de jus pour la fraction liquide », détaille-t-il.8 millions d’euros
L’enveloppe nécessaire à ce projet de méthanisation s’élevait à 8 millions d’euros pour lesquels les 2 exploitations qui le portent ont mis 90% sur la table. Le reste du financement sera assuré, selon les termes de l’appel à projets 2018 mené par l’Ademe, avec une part de 5 millions attribuée par la région Grand Est et le solde par l’intermédiaire du Feder, le fonds européen de développement régional. Situé à 500 mètres environ de 2 villages, à 700 m à vol d’oiseau de l’exploitation familiale, mais à 5 km de la seconde ferme impliquée dans le projet, le site de construction n’a pas été choisi au hasardChoix du site
« Le site est desservi par une route départementale en dehors des barrière de dégel et qui voit passer 500 camions par jour. Cette situation nous assure le passage régulier et toute l’année des poids lourds nécessaires à l’activité de l’unité et qui ne viendra pas encombrer davantage la voie », confirme Adrien Perrier.« En outre, nous avons tenu au bon déroulement du projet en organisant une réunion publique d’informations ouverte aux élus et à la population, et en nous dirigeant sur un site qui ne gêne personne. Ainsi en nous installant près d’une usine de déshydratation disposant déjà d’une canalisation GRTgaz. Elle traite de façon cyclique et en alternance des pulpes de betteraves et de la luzerne pour en obtenir des granulés d’alimentation pour les animaux d’élevage », poursuit-il. « Il y a une dizaine d’années, nous avions déjà proposé à cette entreprise, sans succès, de monter un projet de méthanisation avec cogénération », se souvient-il.
150 hectares
Sorti des études il y a seulement quelques mois, Adrien Perrier s’active aussi à la vie de l’exploitation familiale dont l’activité d’élevage et de polyculture s’étend sur 150 hectares.« Depuis 5 ans l’élevage bovin se développe, avec actuellement 70 mères charolaises et parthenaises. En plus des cultures céréalières classiques, comme le blé et l’orge, nous produisons de la luzerne, des pommes de terre de consommation, ainsi que des betteraves fourragères et sucrières », liste-il, précisant que la sucrerie n’est distante que de 3 kilomètres de la ferme.
Un projet de station biogaz avorté à cause de la concurrence
Si tout semble sourire à Adrien Perrier, il doit déjà cependant faire face à une grande déception, celle de devoir abandonner, au moins temporairement, son projet de station bioGNV. Avec une implantation sur la RN4 qui forme un axe direct entre Paris et l’Allemagne, ouvrir un tel établissement avait beaucoup de sens. « Nous avions le choix entre partir sur un projet avec 15 transporteurs qui ne pourrait pas être rentable en l’état et coincerait certainement au niveau des banques, et tabler sur 20 transporteurs pour une plus grande solidité financière. Nous avions choisi la seconde option », explique l’agriculteur très attaché à donner une bonne image de sa profession.« Nous aurions pu réunir autour de notre projet ces 20 transporteurs. Mais un article publié en octobre dernier dans le quotidien local L’union a décidé un autre acteur connu sur le territoire, et financièrement plus solide que nous, à faire connaître également ses intentions d’ouvrir au même endroit une station bioGNV. Je n’ai pu réunir que 10 transporteurs, les 10 autres ayant fait le choix de rejoindre l’autre projet », déplore Adrien Perrier.
Autres incertitudes
« Dans le cadre de notre étude de station, le bioGNV pouvait être vendu 1,13 euro TTC le kilo. Mais si une taxe supplémentaire devait être ajoutée sur ce carburant peu de temps après l’ouverture, la rentabilité de l’établissement aurait été menacée », a craint notre interlocuteur. Il voyait également une autre menace : « Si un grand opérateur comme Engie ouvrait une station GNV à une dizaine de kilomètres avant ou après la nôtre, nous pourrions alors nous attendre à mettre la clé sous la porte ». Adrien Perrier a cependant bien apprécié de pouvoir « défricher le terrain avec l’aide de GRTgaz ».Projets de collectivités
« Est-ce moi qui ai mis la puce à l’oreille des collectivités ? Toujours est-il que les villes d’Epernay et de Châlons-en-Champagne seraient sur un projet d’ouverture de station bioGNV. Mais avec les élections municipales qui arrivent, les 2 programmes seraient en standby », croit savoir notre interlocuteur qui ne compte pas baisser les bras. Il attend au contraire son heure pour s’attacher à poursuivre son ambition sur une base plus solide. Il déplore des aides trop chiches : « Il nous fallait réunir entre 1,3 et 1,5 million d’euros pour ouvrir notre station bioGNV, mais nous ne pouvions prétendre qu’à 20.000 euros d’aides. Pourquoi une subvention si modique pour une implantation au bord d’une route qui voit passer quotidiennement 10.000 camions ? ».Les agriculteurs bien placés
« Produire du biogaz et vendre du bioGNV donne une bonne image de l’agriculture. Ca prouve que la profession peut faire des choses et s’en donner les moyens », s’enthousiasme Adrien Perrier. « Le bioGNV pour une mobilité décarbonée, c’est super. Moins de bruit, moins d’émissions de particules fines : ce carburant a sa place dans la mobilité durable pour les 10 ou 20 années à venir. Nous, les agriculteurs, nous sommes très bien placés pour le développer et le promouvoir », conclut-il, envisageant qu’il aurait peut-être dû s’entourer d’un grand opérateur pour mener à terme son projet d’ouverture de station.Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Adrien Perrier pour avoir répondu très rapidement à notre sollicitation et trouvé du temps dans son planning chargé pour réaliser l’entretien.
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