Cette 4L bioGNV livre du fertilisant pour la grande restauration
Développer les boucles d’économie circulaire dans l’écosystème de la méthanisation est une évidence. En voici un nouvel exemple avec un scénario qui met en scène aussi le rétrofit GNV et une ferme urbaine installée sur le toit d’une école de cuisine de Thierry Marx.
"Cuisine Mode d’Emploi(s)", c’est le nom de l’école de cuisine ouverte par le chef étoilé Thierry Marx dans le 20e arrondissement de Paris. Sur le toit, la ferme urbaine L’Arche Végétale créée en 2019 et exploitée par l’équipe de Pierre-Frédéric Bouvet.
« Sur une toiture de 1 000 m2, nous disposons d’une surface agricole utile de 700 m2. Nous en sortons 7 tonnes de fruits, d’herbes aromatiques et de légumes par an. Concernant ces derniers, ce sont par exemple des tomates, des courgettes, des concombres et des poivrons », lance notre interlocuteur. « La culture hors sol exige l’utilisation d’engrais minéraux qui font l’objet aujourd’hui d’une extraction minière polluante et non durable. De manière générale, le phosphate viendra à manquer. C’est pourquoi il est nécessaire de développer les fertilisants produits au sein de boucles vertueuses d’économie circulaire », poursuit-il.
Cette boucle très particulière que Pierre-Frédéric Bouvet nous fait découvrir repose sur 5 piliers :
« Nous utilisons différentes technos de culture. Le fertilisant livré en 4L sert principalement pour nos 50 tours. Sur chacune d’elle, nous pouvons faire pousser 36 plantes avec une occupation au sol de seulement 1m2 », chiffre Pierre-Frédéric Bouvet. « Nous disposons aussi de 50 bacs en terre réalisés avec du bois. Pour eux, il nous faut plutôt des substrats solides, des bio-déchets urbains obtenus par compostage, avec des résidus de culture de champignons, d’élagage, etc. Le digestat peut ici être utilisé comme fertilisant complémentaire », ajoute-t-il. « Nous avons enfin des cultures en aquaponie, avec des carpes koïs. Si le produit est riche en fer et en calcium, il nous sera utile ici aussi », complète-t-il. « En plus de fournir l’école de cuisine de Thierry Marx qui nous passe ses commandes en fonction des plats à servir, nous livrons nos légumes à quelques autres restaurateurs et à une Amap. Nous avons mis en place une plateforme de Click & Collect », souligne notre interlocuteur.
Quelques particuliers à Paris et en banlieue reçoivent aussi ce digestat. « Il fait des merveilles pour pousser les hortensias et les lauriers-roses à fleurir », rapporte-t-il. Le digesteur de Bioénergie de la Brie est adossé à la ferme d’Arcy. En plus de son élevage bovin de plus de 500 têtes, l’exploitation présente plus de 280 hectares de cultures (blé, orge, colza, maïs, betteraves). Aux déchets de ces productions, est ajouté dans le méthaniseur du lactosérum en provenance de la fromagerie voisine.
« Pour en faire le commerce, il est nécessaire de passer par un processus d’homologation qui ne sera valable que pour une composition stable en provenance d’un seul méthaniseur. Il faut ainsi prouver son innocuité au niveau des pathogènes et sa valeur fertilisante constante sur l’année. Aligner de l’ordre de 50 000 euros (tarif Vox Gaia) pour seulement quelques dizaines ou centaines de litres à l’année, ce n’est franchement pas rentable », évalue-t-il. « Les grandes coopératives agricoles, elles, peuvent se le permettre. La Cooperl, par exemple, fournit chaque année environ 130 000 tonnes de fertilisant de cette nature, en particulier pour les vignes dont les grains de raisin entrent dans la composition du champagne », compare Théophyle Mini.
« Le digestat pour l’épandage local est valorisé 3 à 5 euros le mètre cube. Un engrais universel de même composition est vendu en jardinerie 5 à 10 euros le litre. Même à 1 euro le litre, le digestat liquide permettrait aux agriculteurs de percevoir un revenu supplémentaire intéressant », assure-t-il. Lui et Pierre-Frédéric Bouvet militent pour un assouplissement de la réglementation en la matière. « En dehors des petits contenants que l’on trouve chez Jardiland ou Truffaud, le digestat liquide français ne peut être utilisé qu’à titre expérimental en maraîchage, urbain ou non. Alors qu’il est possible d’en rapporter de Belgique », déplore Théophyle Mini.
"Cuisine Mode d’Emploi(s)", c’est le nom de l’école de cuisine ouverte par le chef étoilé Thierry Marx dans le 20e arrondissement de Paris. Sur le toit, la ferme urbaine L’Arche Végétale créée en 2019 et exploitée par l’équipe de Pierre-Frédéric Bouvet.
« Sur une toiture de 1 000 m2, nous disposons d’une surface agricole utile de 700 m2. Nous en sortons 7 tonnes de fruits, d’herbes aromatiques et de légumes par an. Concernant ces derniers, ce sont par exemple des tomates, des courgettes, des concombres et des poivrons », lance notre interlocuteur. « La culture hors sol exige l’utilisation d’engrais minéraux qui font l’objet aujourd’hui d’une extraction minière polluante et non durable. De manière générale, le phosphate viendra à manquer. C’est pourquoi il est nécessaire de développer les fertilisants produits au sein de boucles vertueuses d’économie circulaire », poursuit-il.
Cette boucle très particulière que Pierre-Frédéric Bouvet nous fait découvrir repose sur 5 piliers :
- Livraison de digestat avec une 4L fonctionnant au biogaz ;
- Production urbaine de légumes à haute valeur ajoutée ;
- Magnification en cuisine étoilée ; V
- alorisation des déchets de cuisine en compost et méthanisation locales ;
- Création de valeur et de pédagogie sur toute la chaîne ».
Fertilisant liquide
« Les livraisons ont commencé à l’été 2020 avec la 4L, au rythme d’un passage tous les 2 mois. Nous recevons à chaque fois 50 litres de fertilisant liquide. Ce véhicule nous permet d’abaisser encore l’impact CO2 de notre activité, comme nous le constatons à travers nos audits successifs », explique Pierre-Frédéric Bouvet. Avec un utilitaire léger moderne fonctionnant lui aussi au GNV, le résultat ne serait-il pas le même ? « Oui, bien sûr, à ce niveau. Mais l’apport de Théophyle Mini ne se limite pas à cela. Il travaille sur la valorisation du digestat. Il sait ce qu’il faut mettre à l’entrée des méthaniseurs pour obtenir un produit riche en nutriments dont nous avons besoin. Notre partenariat historique a valeur d’entraide pour nous deux », répond le cofondateur de Cueillette Urbaine.« Nous utilisons différentes technos de culture. Le fertilisant livré en 4L sert principalement pour nos 50 tours. Sur chacune d’elle, nous pouvons faire pousser 36 plantes avec une occupation au sol de seulement 1m2 », chiffre Pierre-Frédéric Bouvet. « Nous disposons aussi de 50 bacs en terre réalisés avec du bois. Pour eux, il nous faut plutôt des substrats solides, des bio-déchets urbains obtenus par compostage, avec des résidus de culture de champignons, d’élagage, etc. Le digestat peut ici être utilisé comme fertilisant complémentaire », ajoute-t-il. « Nous avons enfin des cultures en aquaponie, avec des carpes koïs. Si le produit est riche en fer et en calcium, il nous sera utile ici aussi », complète-t-il. « En plus de fournir l’école de cuisine de Thierry Marx qui nous passe ses commandes en fonction des plats à servir, nous livrons nos légumes à quelques autres restaurateurs et à une Amap. Nous avons mis en place une plateforme de Click & Collect », souligne notre interlocuteur.
Bioénergie de la Brie
« Le fertilisant que je fournis à Pierre-Frédéric Bouvet provient de l’unité de méthanisation Bioénergie de la Brie mise en service en 2013. Dirigée par les frères Quaak, elle est localisée en Seine-et-Marne, à Chaumes-en-Brie. C’est à moins de 60 km de L’Arche Végétale », estime Théophyle Mini.Quelques particuliers à Paris et en banlieue reçoivent aussi ce digestat. « Il fait des merveilles pour pousser les hortensias et les lauriers-roses à fleurir », rapporte-t-il. Le digesteur de Bioénergie de la Brie est adossé à la ferme d’Arcy. En plus de son élevage bovin de plus de 500 têtes, l’exploitation présente plus de 280 hectares de cultures (blé, orge, colza, maïs, betteraves). Aux déchets de ces productions, est ajouté dans le méthaniseur du lactosérum en provenance de la fromagerie voisine.
Pour un assouplissement de la législation
Aujourd’hui, Pierre-Frédéric Bouvet aimerait utiliser dans ses 4 autres fermes urbaines en Ile-de-France le digestat liquide qui sort de cette unité, mais aussi fournir des kits de fertilisant biologique à base de ce produit. Ce sont les clients pour lesquels il a démarré des sites similaires qui pourraient être intéressés. Produit !? « Justement non ! Le digestat n’est pas considéré comme un produit mais comme un déchet. D’où des complications pour pouvoir développer une activité autour de lui si l’on est une petite structure », rectifie Théophyle Mini.« Pour en faire le commerce, il est nécessaire de passer par un processus d’homologation qui ne sera valable que pour une composition stable en provenance d’un seul méthaniseur. Il faut ainsi prouver son innocuité au niveau des pathogènes et sa valeur fertilisante constante sur l’année. Aligner de l’ordre de 50 000 euros (tarif Vox Gaia) pour seulement quelques dizaines ou centaines de litres à l’année, ce n’est franchement pas rentable », évalue-t-il. « Les grandes coopératives agricoles, elles, peuvent se le permettre. La Cooperl, par exemple, fournit chaque année environ 130 000 tonnes de fertilisant de cette nature, en particulier pour les vignes dont les grains de raisin entrent dans la composition du champagne », compare Théophyle Mini.
« Le digestat pour l’épandage local est valorisé 3 à 5 euros le mètre cube. Un engrais universel de même composition est vendu en jardinerie 5 à 10 euros le litre. Même à 1 euro le litre, le digestat liquide permettrait aux agriculteurs de percevoir un revenu supplémentaire intéressant », assure-t-il. Lui et Pierre-Frédéric Bouvet militent pour un assouplissement de la réglementation en la matière. « En dehors des petits contenants que l’on trouve chez Jardiland ou Truffaud, le digestat liquide français ne peut être utilisé qu’à titre expérimental en maraîchage, urbain ou non. Alors qu’il est possible d’en rapporter de Belgique », déplore Théophyle Mini.
Une boucle difficile à fermer
« Cueillette Urbaine a compris l’intérêt du digestat liquide en maraîchage hors sol, c’est-à-dire la bioponie. Et ce, du fait de sa composition majoritairement minérale et facilement assimilable par les plantes », se réjouit l’homme à la 4L fourgonnette convertie au GNV. « Le digestat liquide est donc un engrais 100 % organique, c’est-à-dire biologique, produit localement grâce aux agriculteurs avec les biodéchets des villes, et qui pourrait se substituer aux engrais de synthèse issus de la pétrochimie. La boucle de l’économie circulaire serait bouclée, mais il manque encore cette petite brique juridique pour avancer légalement sur les routes du biogaz dans l’agriculture urbaine », conclut-il.Gaz Mobilité et moi-même remercions Pierre-Frédéric Bouvet pour sa disponibilité et le temps pris à répondre à nos questions. Un grand merci également à Théophyle Mini qui nous a apporté des informations complémentaires.
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Une très bonne initiative et une marque intelligente de collaboration et d’ingéniosité efficace. Malheureusement, nous sommes en France ou le monstre bureaucratique écrase toute vélléité d’innovationn et toute liberté d’entreprise dont les seuls critères incriminables devraient être: non au gaspillage, épargne de l’environnement, non nuisances et c’est tout . Cet ensemble est beau sain viable et doit être encouragé et non pas freiné par une législation imbécile!