Il rejoint le cercle polaire avec une voiture au bioGNV

Il rejoint le cercle polaire avec une voiture au bioGNV
Alors que des incertitudes pèsent toujours lourdement sur le développement de la mobilité au bioGNV en France, le pilote italien Guido Guerrini s’est lancé pour défi de rejoindre le village du Père Noël depuis la Toscane en ne consommant que du biométhane. De retour, il a dressé un bilan très optimiste de son aventure.

Guido Guerrini a déjà laissé une empreinte forte dans l’univers des épreuves réservées aux véhicules fonctionnant aux énergies alternatives. L’écomobilité, les voitures électriques, le GPL et le GNV : il connaît. Avec d’autres, il a créé en 2008 l’association TorPec (ou Torino-Pechino). C’était à l’occasion, comme le nom le suggère, d’un voyage en Fiat Marea GPL de 1999 entre Turin en Italie et Pékin en Chine. 

Quatorze ans et plusieurs périples plus tard, il a voulu tester un grand voyage au bioGNV alors que les prix des énergies, et du gaz en particulier, connaissent d’importantes tensions. En 2019, il avait déjà rejoint Saint-Pétersbourg, en Russie, avec une voiture fonctionnant au gaz naturel. Pour 2022, avec ce Bio CNG European Tour, le curseur est poussé plus haut en souhaitant privilégier le biométhane produit à partir « des déchets, restes alimentaires et déjections animales ». Et toujours avec la volonté de placer au centre les échanges culturels et la solidarité.

Seat Leon de série

Pas question pour Guido Guerrini, et son coéquipier Fabio Cofferati rencontré l’année dernière sur les routes de Sibérie et connu pour ses aventures en Vespa, de transformer une voiture pour réussir à tout prix son pari. Non, ce qu’il souhaite, c’est montrer ce qu’une famille européenne peut réaliser comme long voyage avec une voiture GNV de série. 

Les 10 000 kilomètres aller-retour seront donc avalés par une Seat Leon 1.5 TGI mise à disposition par Piccini Paolo Spa. Elle est dotée de ses 3 réservoirs d’origine pour une capacité totale d’environ 17,7 kg. Le site Internet ViaMichelin indique une distance de seulement 3 540 km au maximum pour rejoindre Rovaniemi en Finlande, depuis Sansepolcro en Italie. Guido Guerrini explique très bien la différence, en soulignant par exemple que le trajet aller s’est étendu sur 4 620 km. Il a dû « mener une véritable chasse au trésor à la recherche d’énergie propre ». Des détours parfois importants ont été réalisés pour faire le plein en gaz vert tous les 350-400 km.

Du biométhane sur 4 267 km à l’aller

Soutenu par la région Lombardie, le Bio CNG European Tour a été officiellement lancé depuis Milan, après le pré-départ de Sansepolcro. Au total, et parfois dans un seul sens, 9 pays ont été traversés. Ainsi l’Italie, la Suisse, l’Allemagne, le Danemark, la Suède, la Norvège, la Finlande et l’Autriche. 

Au total, quatorze frontières ont été franchies. Guido Guerrini n’a pas voulu emprunter le ferry à l’aller, mais profiter des ponts entre les îles danoises, de celui également tiré entre Copenhague et Malmö, et du tunnel sous-marin juste avant le site norvégien de Mageroya. Ce choix a aussi eu des conséquences sur la longueur du circuit. Sur les 4 620 km effectués lors du trajet aller, 4 267 l’ont été en roulant au bioGNC, soit 92,36 % du tracé. 

En revanche, pour les 353 derniers kilomètres avant l’arrivée, il a fallu recourir aux carburants d’origine fossile. Avec un prix moyen à 2,20 euros le kg, 12 pleins de bioGNV ont été nécessaires pour rejoindre le Père Noël en Laponie. L’écart entre les extrêmes est impressionnant : 0,99 euro le kilo dans une station en Allemagne, face à 3,50 euros quelque part au Danemark.

Une moyenne de 3,26 kg bioGNV/100 km

L’équipage de TorPec a pu parcourir en moyenne 30,6 km par kilo de bioGNC (3,26 kg/100 km) à une allure soutenue mais en respectant les limitations de vitesse. Ainsi, 17 kg de gaz après un avitaillement complet donnent une autonomie théorique de l’ordre de 520 km. 

Au retour, c’est la première partie qui a dû être couverte en se passant du gaz vert. Sur le périple complet, 8 716 km ont pu être suivis au bioGNV, contre 1 284 km à l’essence. Eh oui, le tout fait tout juste 10 000 km, car au retour les coéquipiers ont rallongé le parcours pour parvenir au final à ce seuil symbolique. Ce sont ainsi les 87,16 % de la boucle qui ont été réalisés avec du biogaz. « Si le voyage s'était limité à atteindre le cercle polaire arctique, et donc sans l’excursion au Cap Nord, le pourcentage de kilomètres parcourus en utilisant uniquement du biométhane aurait été de 100 % », explique la team italienne.

Le périple en chiffres

Alors que le prix moyen du kilo de bioGNV s’élevait à 2,20 euros à l’aller, il est redescendu à 1,97 euro en incluant le trajet retour. Sur tout le périple, 290,62 kg de biogaz ont été consommés, pour une dépense totale de 573,58 euros. Ce qui donne, pour les 8 716 km, un coût en gaz vert de 6,58 euros pour effectuer 100 km. Pour comparaison, en calculant à partir des 3 pleins effectués en Italie au départ, puis en Finlande et en Norvège en cours de périple, le prix moyen du litre d’essence s’est établi à 2,07 euros, permettant unitairement de parcourir 17,2 km. L’enveloppe pour s’acquitter des 74,72 litres de carburant s’est donc élevée à 154,67 euros. 

Dans ces conditions, les 100 km avalés au SP95 ont coûté 12,04 euros, soit pas loin du double de la facture de bioGNV pour une même distance. Cette expérience « montre comment, malgré la forte augmentation des prix, le gaz naturel continue à être beaucoup moins cher que l’essence », a conclu Guido Guerrini. Pari gagné donc pour l’équipage de TorPec.

Observations

Guido Guerrini ne s’est pas contenté d’effectuer des calculs de consommations et de coûts. Il a aussi beaucoup observé. Il rapporte par exemple : « Nous avons été frappés par le fait que dans les pays scandinaves, qui comptent parmi les plus avancés en termes de mobilité électrique, le biométhane n'est pas du tout refoulé mais valorisé à juste titre comme une source d’énergie supplémentaire disponible localement ». 

Dans certaines stations multi-énergies qu’ils ont visitées, son coéquipier et lui, le biogaz sert même d’énergie pour produire l’électricité délivrée aux bornes de recharge. Et les distributeurs de bioGNV sont accessibles 24/7. 

« En Finlande, le biométhane coûte un tiers moins cher que le même gaz d’origine fossile », a constaté le pilote italien. « Sur l’axe nord-sud et en particulier sur tout le trajet à travers l’Europe centrale et septentrionale, il y a lieu d’être satisfait car la possibilité de tomber sur des stations de biométhane, même par hasard, est assez élevée », a-t-il souligné, espérant que l’Italie se développe en ce sens. Et chez Gaz Mobilité, nous aimerions bien que ce soit le cas aussi en France.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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