Témoignage autocar Isuzu Kendo : avec le GNV, difficile de revenir au diesel

Témoignage autocar Isuzu Kendo : avec le GNV, difficile de revenir au diesel
Fast Concept Car est l’importateur exclusif des autocars Isuzu pour la France et la Belgique. Responsable commercial, Franck Combeau renoue à l’occasion avec son ancien métier de conducteur. C’est ainsi qu’il a transporté avec un Kendo GNV les participants du forum EcoGreen Energy le 10 mai dernier. Gaz Mobilité l’a interrogé sur ce véhicule.
 
Servant aussi d’agence pour le grand Ouest, le siège social de FCC Isuzu Bus est installé en Vendée, au Poiré-sur-Vie. Créée en 1979, l’entreprise qui se définit comme « un agitateur du monde de l’autocar ». Son catalogue est à l’image de ce qu’espèrent les intervenants au forum EcoGreen Energy : ouvert à plusieurs carburants alternatifs.
 
La gamme compte entre autres le très électrique Isuzu Novociti Volt, ainsi que le Kendo qui se décline en modèles diesel et GNV. Avec sa motorisation Cummins 6 cylindres 325 chevaux 8,9 litres, le Kendo GNV est encore assez récent : « Isuzu est dans l’urbain au gaz depuis longtemps. Le Kendo GNV est en revanche commercialisé depuis environ 2 ans en France. Il s’agit d’un modèle typé ligne mixte. Il peut ainsi assurer un service sur des lignes de plusieurs centaines de kilomètres mais aussi le transport scolaire. Il a été conçu pour avaler en moyenne de 50 000 à 80 000 km par an », commente Franck Combeau entre 2 rotations. Le bloc est piloté par une boîte de vitesses automatique ZF qui filtre très bien les changements de rapport. Rien à voir avec celle si brutale des Saviem SC10 des années 1980.


 

750 km d’autonomie

S’étalant sur 13 mètres, le Kendo GNV peut accueillir jusque 63 passagers à son bord en plus du conducteur, ou 59 assis avec une place pour un fauteuil roulant. Et ce, dans un confort que nous avons pu nous-mêmes constater.
 
L’engin est équipé d’une suspension pneumatique intégrale, « de sièges inclinables, de la climatisation, du Wi-Fi. Le conducteur dispose d’une caméra pour l’accès des piétons ». Il n’est pas étonnant de retrouver notre interlocuteur, véritable passionné d’automobiles, au volant de cet autocar. Quand on a le virus de la conduite, que ne ferait-on pas pour jouer du cerceau.
 
Ce modèle a été développé avec un cahier des charges soumis par Xavier Ringeard, président de FCC Isuzu Bus, que nous avions interrogé en juillet 2020, en amont du lancement du Kendo GNV. « Il voulait le même niveau d’utilisation que le modèle diesel. D’où les 5 réservoirs pour un total de 710 litres qui assurent une autonomie effective de l’ordre de 750 km », rappelle Franck Combeau.
 
Le positionnement des bonbonnes sur le toit a-t-il une incidence sur la conduite ? « On a une capacité de 220 kg de gaz. En comprenant les réservoirs en matériaux composites, on arrive à 350 kg au maximum. Ce qui est finalement très léger, rapporté au poids du véhicule aux alentours des 15 tonnes ».

Une recette comprise par les transporteurs

« En comprenant l’Outremer, 100 Kendo diesel ont été vendus par FCC. On en est déjà à 90 au GNV, dont 17 chez Querard exploités en Loire-Atlantique depuis 2 ans avec un avitaillement à la station de Montoir, et 35 chez Sovetours en Vendée », a mis en perspective notre interlocuteur.
 
Lors du Vendée Energie Tour 2022, nous avions d’ailleurs été témoin de l’inquiétude d’une conductrice à la fin du remplissage de son Isuzu Kendo GNV à la station multi-énergies vertes de La Roche-sur-Yon : « Selon comment on branche ou débranche l’embout, on peut avoir une petite odeur de gaz sans conséquence ». Ce qui peut être un peu déroutant quand on n’a pas encore l’habitude du véhicule, et me rappelle très précisément mon premier remplissage quand j’ai expérimenté le GPL avec une Citroën DS 23 IE de 1973. Les constructeurs qui ont une offre GNV travaillent d’ailleurs sur ce sujet pour faire disparaître ce type de situation.
 
« D’une manière générale, il y a autour de la mobilité au GNV un travail de sensibilisation et d’information à effectuer. Un accompagnement est proposé pour les conducteurs, notamment sur l’avitaillement. Rouler au gaz n’est pas encore naturel pour les autocaristes. Le GNV reçoit le même marqueur olfactif que le gaz domestique » précise notre interlocuteur.
 

Une manière différente d’effectuer le plein

Notre interlocuteur se montre rassurant : « Au départ, certains conducteurs peuvent avoir peur de l’explosion. C’est un scénario à démystifier. On a déjà vu des torchères se déclencher sur des véhicules, mais pas d’explosion ». Les avantages sont d’ailleurs multiples pour les autocaristes : « Plus besoin de surveiller le niveau d’AdBlue. La consommation de ce produit représente entre 4 et 6 % de celle de gazole. Ce qui impose de procéder à son ravitaillement tous les 2 pleins en carburant. Si le conducteur l’oubli, le véhicule va se mettre en mode dégradé ».
 
Passer par la station est moins un problème avec le GNV : « C’est beaucoup plus propre. On ne risque pas de recevoir sur soi un produit à l’odeur désagréable. On peut conduire en costume avec cravate sans crainte ». Le biogaz réduit aussi les sources de panne : « Sur un autocar diesel, de nombreux soucis proviennent des systèmes de dépollution post-combustion. La partie entretien est d’autant plus simplifiée sur les modèles GNV ».
 

Conduite apaisée

L’Isuzu Kendo GNV dans lequel nous avons pris place est « un modèle de démonstration construit en 2022 ». Quelles différences à son volant par rapport au diesel ? « Au niveau du poste de conduite sur l’Isuzu, rien de visible à ce sujet, même pas un bouton particulier. Le véhicule est en revanche plus silencieux, plus doux à l’accélération. Personnellement, je préfère de loin conduire le modèle GNV ».
 
Un avis qui pour lui s’impose quand on connaît les deux motorisations : « Si tous les conducteurs d’autocars qui ne l’ont pas encore fait essayait un modèle GNV, ils constateraient la différence. Les chauffeurs de ligne ou qui font du scolaire avec des véhicules fonctionnant au gaz naturel ne veulent pas revenir au diesel ». Selon la présence ou pas d’une place pour un fauteuil roulant, le volume dédié à la soute à bagages est de 6,9 ou 7,5 m³. Ce qui permet par exemple d’embarquer 5 vélos : « Cette capacité est appréciée pour un usage en transfert pour les aéroports. Ainsi dans le sud de la France, mais aussi en Savoie à Annemasse avec la SAT, et en navette entre Rouen et Orly ».
 

20 % plus cher à l’achat

Quelle est la différence de prix entre un autocar Isuzu diesel et sa déclinaison GNV ? « Le modèle fonctionnant au gaz naturel est en moyenne 20 % plus cher » chiffre notre interlocuteur. Pour le prix du gaz carburant, en revanche, difficile d’être aussi précis : « Nous avons senti que des transporteurs s’interrogeaient sur cette solution quand le prix du GNV a été multiplié par 4 ou 5. Maintenant que le marché est apaisé, on revient à des moyennes correctes par rapport au gazole. On note un retour d’intérêt de la part des transporteurs sur cette énergie ».
 
Ce que Franck Combeau apprécie en particulier, c’est le positionnement de la région des Pays de la Loire sur la mobilité au biogaz : « On sent qu’il y a une véritable volonté politique à promouvoir ce carburant alternatif. La région joue vraiment le jeu. On le constate au niveau des appels d’offres par lesquels les autorités organisatrices des transports doivent passer ».

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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2 Commentaires

  1. ChristophePublié le 23/06/2023 à 12:32

    Que les conducteurs préfèrent conduire un bus gaz, je veux bien l’entendre.
    Je n’ai jamais pris ce Kendo même si je l’ai vu à la gare de Niort (ligne pour Fontenay) mais j’ai déjà pris les IRIZAR i4 en service dans la région Nouvelle Aquitaine. Chez nous les chauffeurs les trouvent mous par rapport aux versions diesel avec des problématiques pour tenir les horaires ou rattraper le retard engendré par la vente des billets.
    Les fiches techniques des Kendo sur le site de FCC me donnent :
    - diesel : CUMMINS L9E6E370B - 6 cylindres Euro 6 Cylindrée 8,9 litres Puissance 269kW (370cv) à 2 100trs/min Couple maximum 1 500 Nm à 1 400trs/min
    - gaz : CUMMINS L.9NE6E320 6 cylindres Euro 6 Cylindrée 8,9 litres Puissance 239kW (325cv) à 2 000trs/min Couple maximum 1 340Nm à 1 300trs/min.
    45 cv de moins (- 12%) et 160 Nm (-11 %) de couple en moins, ce n’est pas négligeable.

  2. ChristophePublié le 27/06/2023 à 08:50

    A noter que pour les 2 la fiche technique indique "Ralentisseur Intarder intégré à la BVA, couplé au frein de service
    + commande au volant" autant dire un ralentisseur hydraulique en sortie de boite de vitesses qui permet de ralentir (et pas qu’un peu) sans toucher aux freins mécaniques.

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