Témoignage : Vicat raconte l'histoire du camion toupie GNV Oxygène

Témoignage : Vicat raconte l'histoire du camion toupie GNV Oxygène
Oxygène : c’est le nom du projet qui a réuni, autour d’un camion malaxeur de béton, le cimentier Vicat, le transporteur Jacky Perrenot, le constructeur Iveco et la société italienne Cifa spécialisée en bétonnière. Si le camion fonctionne au GNV, la toupie, elle, est électrique, comme nous l’a confirmé Jean-Baptiste Pastor, responsable logistique chez Vicat.
 

Dernier cimentier français

 Vicat détient depuis 1817 le titre d’inventeur du ciment artificiel. L’entreprise est aujourd’hui présente dans 11 pays et sur une bonne partie du flanc Est de la France (Lorraine, Rhône-Alpes, etc.), mais aussi en Auvergne, dans le Centre, et jusqu’à la région toulousaine. « Vicat est le dernier cimentier dont le siège est installé en France et qui produit du ciment sur le sol français », tient à souligner Jean-Baptiste Pastor. Celui-ci se réjouit de la volonté du groupe auquel il collabore de travailler sur une solution environnementale afin de livrer du béton dans les centres-villes qui seront de plus en plus fermés à la circulation des véhicules alimentés au gazole, dont les camions.
 

Oxygène

« Livrer du béton sur un chantier impose l’utilisation d’un camion, le produit devant être à destination dans les 2 heures après sa fabrication », plaide Jean-Baptiste Pastor. Partant de ce constat, il ne restait plus qu’à imaginer une solution vertueuse autour du classique schéma d’un camion malaxeur. C’est la raison d’être du projet Oxygène. Pourquoi ce nom ? « Il symbolise la volonté de préservation de l’air et de l’atmosphère, la couleur bleu figurant le ciel. En outre, avec le gris, le bleu fait partie de la charte visuelle de Vicat », répond notre interviewé.

Le résultat : « Un camion Crit’Air 1 qui roule au gaz naturel comprimé, équipé d’un malaxeur électrique. Habituellement, la toupie est actionnée par le moteur diesel du camion, imposant de le laisser tourner en cours de livraison. Avec un bloc 2 fois moins bruyant pour le véhicule, et un moteur totalement silencieux pour la toupie, il est possible d’imaginer des rotations plus tard le soir », assure le responsable logistique chez Vicat.
 

Grenoble 2017

Pour bien faire comprendre l’enjeu qui a motivé la recherche d’une solution en mobilité propre pour livrer du béton, Jean-Baptiste Pastor prend en exemple la ville de Grenoble, en Isère, département d’établissement du groupe Vicat : « En 2017, si la ville de Grenoble avait appliqué les 25 jours d’interdiction de circulation des véhicules diesel correspondant aux pics de pollution enregistrés cette année-là, nous aurions perdu 10% de notre productivité annuelle ». Il modère toutefois : « L’année dernière, à part deux petites stations GNV privées, respectivement pour les bus et bennes à ordures ménagères, et auxquelles nous n’aurions pas eu accès, il n’y avait pas de possibilités de s’avitailler en gaz naturel à Grenoble pour les camions. Courant 2019, 2 ouvertures sont programmées : La Tronche et Saint-Egrève ».
 

Rôle de Jacky Perrenot

 « Le transporteur Jacky Perrenot est un partenaire historique de Vicat. Il est aussi le leader européen du transport routier de marchandises avec des camions au GNV. Il était donc naturel de le contacter pour travailler ensemble sur ce projet de camion malaxeur propre », révèle Jean-Baptiste Pastor. « Le véhicule appartient à Jacky Perrenot qui nous le met à disposition sous la forme d’une LLD sur 5 ans. D’autres exemplaires sont en cours de montage. Nous devrions en recevoir 5 d’ici janvier 2019, et 15 autres sont en précommandes sur l’année prochaine. En tout, nous disposerons donc d’une flotte d’une vingtaine d’unités en location chez Jacky Perrenot », poursuit notre interlocuteur.

Ce dernier nous donne une autre raison du choix du transporteur pour le projet Oxygène : « Nous travaillons avec 180 transporteurs différents en fonction des besoins locaux. Il n’existe qu’environ 8.000 camions malaxeurs en France. Jacky Perrenot était le seul capable de prendre le risque financier, de faire un chèque sur un dessin ».
 

Rôle d’Iveco

Le constructeur Iveco commercialise déjà des camions fonctionnant au GNV. Facile de prendre un modèle déjà présent au catalogue ! Cet argument, Jean-Baptiste Pastor le balaye immédiatement d’un revers de la main : « Pour Iveco, le secteur du BTP n’était pas une cible. Il nous fallait un camion qui remplace parfaitement les modèles diesel que nous utilisons habituellement. Un châssis à 8 roues adaptable à une toupie, Iveco n’en avait pas. Nous avons donc obtenu du constructeur une modification sur ce sujet, avec réalisation à la main. Nous avons besoin d’un moteur puissant. Pour le premier exemplaire, c’est le bloc de 330 ch. qui a été monté. D’ordinaire, c’est insuffisant pour nous, du fait que la toupie mange 40 à 80 ch. Mais avec le malaxeur électrique, ça passe. Toutefois, les prochains camions de la flotte recevront un moteur 400 ch. ».
 

200-250 km d’autonomie

« Au départ, nous avions prudemment communiqué sur une autonomie GNV de 150 kilomètres. A l’usage, nous nous sommes aperçus qu’elle est en réalité bien supérieure, comprise entre 200-250 km, qui se rapproche des 300 km des modèles diesel. Ce qui est largement suffisant pour notre activité. Nos besoins sont de 100-110 km par jour. Le temps consacré à faire le plein des réservoirs est identique », chiffre Jean-Baptiste Pastor. Petit bonus sur la charge utile.

« Nous souhaitions continuer à transporter 7,5 m3 de béton dans le malaxeur, comme c’est possible sur les 32 tonnes diesel. Grâce à l’alimentation au GNV, nous bénéficions d’un bonus d’une tonne », précise notre interlocuteur.

 

Rôle de Cifa

La toupie, une fabrication spéciale de Cifa ? « Ce spécialiste italien avait déjà à son catalogue ce malaxeur électrique », précise Jean-Baptiste Pastor. Il s’agit de la gamme Energya, que Cifa qualifie en « hybride plug-in », détaillant : « Les batteries peuvent être chargées tant depuis le réseau électrique, que moyennant un générateur installé à bord ». Le pack 300 V embarqué est de technologie lithium-ion.

« Selon nos observations, la récupération de l’énergie cinétique et la recharge de la batterie en roulant suffisent à la maintenir entre 60 et 80% de capacité. La toupie pourrait donc être autonome au niveau de son énergie. Toutefois, pour une durée de vie maximale de la batterie, nous effectuons une charge d’équilibrage (moins d’1 heure en utilisant la colonne de recharge intégrée ; environ 4 heures depuis une prise industrielle classique 380 V) au moins une fois par semaine. En outre, si nous devions passer plus d’une heure sur un chantier, le camion est équipé d’une prise de force pour faire tourner la toupie à l’aide du moteur du camion », relate le responsable logistique chez Vicat.

 

Lyon - Grenoble - Paris

« Nous comptons 150 centrales à béton sur toute la France, mais nous pensons dans un premier temps utiliser les camions GNV principalement à Lyon, Paris et Grenoble où nous savons que nous n’aurons pas de difficultés d’approvisionnement en GNV dès 2019. Comme il nous faut livrer de grande quantité de béton à la journée, il est nécessaire de bloquer 5 à 8 camions par chantier », indique Jean-Baptiste Pastor. Jusque fin janvier, ce premier exemplaire de camion malaxeur GNV à toupie électrique effectue une tournée de présentation.

Il sera ainsi exposé en salons professionnels : Congrès de la Sim (Société de l’industrie minérale) à Metz (57) les 18 et 19 octobre 2018, Solutrans à Lyon (69) du 21 au 25 novembre suivants.
 
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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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