Plein succès pour la station GNV intercommunale du pays d'Apt Luberon

Plein succès pour la station GNV intercommunale du pays d'Apt Luberon
Inauguré en décembre 2018, cet établissement, premier en son genre dans le Vaucluse, s’adapte à une montée en puissance précoce de son exploitation. Frédéric Sacco, vice-président de la CCPAL, se réjouit du succès rencontré par cette structure et poursuit son travail de développement pour une prochaine extension du site.
 

Unité de stockage doublée

Initialement, la station GNV mise en service par la communauté de communes Pays d’Apt-Luberon comprenait un compresseur 45 Nm3/h, une unité de stockage formée de 16 bouteilles de 80 litres pour conserver le gaz naturel sous une pression de 330 bars, et un distributeur équipé de 2 pistolets (NGV1, NGV2). « Dans l’urgence, nous avons en début d’année ajouté une seconde unité de stockage, le tout étant désormais composé de 32 bouteilles de 80 litres », complète Frédéric Sacco, qui s’active depuis 2016 à développer sur le territoire la mobilité GNV. « Fin 2019, nous avions déjà une belle avance sur notre feuille de route. Elle est d’environ 2 ans aujourd’hui, poussée par l’arrivée de nouveaux véhicules à avitailler », explique-t-il.

 

Une flotte qui grossit

Il y a un à peine plus d’un an, une douzaine de véhicules venaient faire le plein en énergie à la station intercommunale, principalement des utilitaires légers et 2 bennes à ordures ménagères. Une flotte compatible avec un établissement capable d’accueillir le matin et le soir 1 BOM pour des pleins de 120 kg, puis 10 pleins de 25 kg dans la journée pour des véhicules légers.

« Le territoire compte désormais 16 véhicules fonctionnant au GNV. Ils seront 22 à la fin de l’année, un nombre que nous avions initialement prévu pour 2022. D’où la nécessité de faire évoluer plus rapidement notre station », justifie le vice-président de la CCPAL en charge du développement durable. Un besoin d’autant plus important que de nouveaux poids lourds arrivent.
 

Les BOM du Sirtom

Le Sirtom - syndicat gérant la collecte et le traitement des déchets ménagers sur le territoire -, utilisait déjà 2 BOM GNV Scania (19 T simple essieu + 26 T double essieu), livrées dans le courant 2019. « Une 3e est arrivée en mars ou avril de cette année, et une 4e sera mise en service en fin d’année. Jusqu’en 2026, le Sirtom renouvellera son parc de bennes à ordures en remplaçant un modèle diesel par un GNV. A cette échéance, le territoire comptera 8 BOM GNV auxquelles s’ajouteront 2 camions à système ampliroll pour la gestion des bennes des déchetteries. Le premier arrivera à la fin de cette année, et l’autre 2 ans plus tard », énumère notre interlocuteur. « L’autonomie des BOM permettrait de ne les avitailler que tous les 2 jours, mais les chauffeurs craignant la panne sèche passent à la station quotidiennement », poursuit-il.

Maillon essentiel

« Le Sirtom joue très bien, depuis le départ, le jeu de la mobilité GNV. Et ses employés aussi. Auparavant, les chauffeurs roulaient depuis des années avec des BOM diesel Renault. Ils ont eu quelques réticences au départ à passer aux Scania GNV. La boîte de vitesses n’était pas bien étalonnée, ce qui posait des problèmes pour accéder à certains villages par les routes assez raides. Scania est rapidement intervenu », rapporte Frédéric Sacco.

« Désormais les chauffeurs ne voudraient plus revenir aux anciennes BOM, trouvant le moteur des nouveaux modèles très coupleux, plus silencieux et moins polluant. Même les ripeurs [NDLR : Agents affectés à la collecte des déchets, installés sur un marchepied à l’arrière du véhicule], qui supportent déjà les odeurs émanant de la benne, apprécient de ne plus sentir les gaz des moteurs diesel expulsés du pot d’échappement », témoigne-t-il. « En 2019, avec les 2 camions GNV, le Sirtom a réalisé une économie de 15.000 euros en carburant », chiffre-t-il. « Tout cela a motivé le syndicat à poursuivre la conversion de sa flotte, en particulier les plus gros camions », met en avant notre interlocuteur.
 

Flottes GNV communales et intercommunales

« A la CCPAL, nous disposons de 6 véhicules fonctionnant au GNV, principalement des utilitaires Fiat Doblo, Ducato (fourgon) et Fiorino et un modèle VP de Fiorino. Avant la fin de l’année, nous recevrons 4 nouveaux véhicules. La ville d’Apt en a 5 : 3 utilitaires Fiat, un Iveco Daily plateau et un petit camion benne Giotti Victoria Gladiator », liste Frédéric Sacco. Il complète : « La commune de Saint-Martin-de-Castillon va recevoir un frigorifique pour la cantine, celle de Gargas a déjà son petit camion plateau. Un utilitaire a été commandé pour Bonnieux ». Le vice-président de la CCPAL se réjouit : « Les services qui avaient des réticences ont vu que l’utilisation des véhicules fonctionnant au GNV est identique à celle des modèles essence ou diesel, avec une autonomie similaire. La station est bien placée, accessible sans subir d’embouteillage. Un badge individuel est associé à chaque véhicule, ce qui permet de savoir qui passe et quand au distributeur ».
 

Projet d’extension

« Nous travaillons actuellement au projet d’extension sur le même terrain de cette station intercommunale. Avec la crise sanitaire du Covid-19, ce n’est pas simple car les finances des collectivités ne sont pas au mieux. Nous devons cependant agrandir le site, au moins pour accueillir les nouvelles BOM du Sirtom. L’extension sera conséquente mais modérée. Nous ferons au mieux. Des élus devront certainement trouver de l’argent, avec des budgets 2020 tirés au cordeau », avance prudemment Frédéric Sacco.

« Nous avons déjà tranché pour un nouveau compresseur 80 Nm3/h qui délesterait le petit. Ce dernier serait toujours en service pour bien rester fonctionnel et servirait éventuellement de secours en cas de panne du nouveau ou de maintenance. Pour le distributeur, nous réfléchissons encore au calibrage des pistolets », confie-t-il. Cette nouvelle station disposera aussi d’un système propre de stockage du GNV, au moyen de 3 assemblages de 16 bouteilles chacun.
 

Du gaz bon marché

« Nous avions négocié un tarif préférentiel du GNV sur 3 ans avant l’ouverture de la station. Avec le chauffage au gaz sur le territoire, le prix au kilo est largement en dessous de 1 euro et inférieur à celui affiché dans les autres établissements. Plus nous vendons de GNV, moins il est cher », démontre Frédéric Sacco. Les clients sont des collectivités, en plus du Sirtom qui agit pour le territoire. « C’est pourquoi nous refacturons à prix coûtant le GNV à notre station, et que nous ne pouvons accueillir de clients extérieurs. La collectivité ne peut devenir directement fournisseur de carburant pour le privé. Quant aux frais de fonctionnement du site, ils sont calculés au prorata des volumes de gaz naturel délivrés pour chaque structure », commente notre interlocuteur.
 

Vers une station ouverte aux transporteurs

« Lors de la validation de notre plan climat en 2019, le projet d’ouverture d’une station accessible aux transporteurs a été approuvé. Nous avons en particulier reçu des demandes d’entrepreneurs du bâtiment, en particulier pour les camions-toupies ou les véhicules utilisés pour les aménagements routiers », expose Frédéric Sacco. « Ce nouvel établissement pourrait être ouvert au même endroit, puisque nous n’utilisons actuellement que la moitié des 3.000 m2 dont nous disposons. Cette solution obligerait les clients privés à effectuer un détour pour venir dans la zone d’activité de Perréal, située sur la commune d’Apt, et labellisée EcoParc Vaucluse. Il serait plus intéressant pour eux de trouver cette nouvelle station à proximité des grandes artères », envisage-t-il.
 

BioGNV

« Depuis février, une unité de méthanisation a été mise en service sur le territoire de la CCPAL par Aptunion, une entreprise industrielle qui produit des fruits confits, notamment les petits bouts d’orange que l’on trouve dans certaines tablettes de chocolat Lindt. Située à environ 1 kilomètre, elle injecte actuellement son gaz dans le réseau. Nous allons travailler sur les certificats d’origine pour pouvoir distribuer du bioGNV produit localement », développe Frédéric Sacco.

« La capacité de production de l’unité de méthanisation d’Aptunion devrait être suffisante pour la consommation actuelle de la station, mais elle est dimensionnée pour le volume des résidus issus de l’activité de l’usine. C’est pourquoi nous avons un autre projet, à 5 ans, d’unité de méthanisation avec des déchets solides collectés sur le territoire. Selon le principe de l’économie circulaire, par exemple, les BOM rouleraient avec le gaz produit par les ordures qu’elles collectent », espère le vice-président de la CCPAL.
 

Le succès des projets pionniers

« Nous avons été la première collectivité dans le Vaucluse à développer le GNV dans le département. Le fait d’être novateur nous avait permis de décrocher des subventions à hauteur de 89%, ramenées à 80% car la structure qui porte le projet doit apporter un minimum de 20%. Pour l’extension, nous ne bénéficierons pas d’une aide aussi importante », reconnaît Frédéric Sacco. « Des collectivités viennent nous visiter et prendre des conseils, comme récemment une communauté d’agglomérations de la région lyonnaise. Nous expliquons pourquoi nous nous sommes lancés dans le GNV, et en quoi cette solution est intéressante. Des collègues d’autres collectivités pensent parfois que le GNV c’est comme le GPL ou le bioéthanol. Nous les détrompons. Ce que nous espérons, ce que de plus en plus de collectivités vont se tourner vers la mobilité GNV », conclut notre interlocuteur.
 
Gaz Mobilité et moi-même remercions beaucoup Frédéric Sacco pour sa réactivité et sa disponibilité.

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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1 Commentaire

  1. LangPublié le 12/06/2020 à 09:57

    c’est avec un grand plaisir que j’ai lu cet article. Je roule au GNV depuis 2007 et j’en suis très satisfait. Deux de mes enfants roulent aussi au GNV bien convaincus qu’il s’agit d’une bonne solution sous de nombreux aspects. Apprendre que de plus en plus de collectivités optent pour cette solution nous réjouis et ceci d’autant plus qu’avec le BioGNV on fait progresser une économie circulaire qui permet de mieux nous affranchir des engrais chimiques et de mieux équilibrer mieux notre balance commerciale.
    Continuez à promouvoir le GNV et le bioGNV et montrez ainsi que le véhicule électrique n’est ni la seule solution ni la meilleure pour rouler propre et lutter contre le réchauffement climatique comme certains veulent nous le faire croire

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