Ils militent pour l'instauration d'une prime au rétrofit GNV

Ils militent pour l'instauration d'une prime au rétrofit GNV
Alors que la future norme Euro 7 devrait enfin clairement positionner le bioGNV comme un carburant durable, de plus en plus de voix s’élèvent pour la mise en place d’une aide à la conversion des véhicules essence reconnus comme trop polluants aujourd’hui. Samedi 26 mars 2022 étaient pour cela réunis à la station Karrgreen de Locminé (56) 2 Citroën HY, 1 BX GTI et 2 Renault 4.

Les sympathisants de la mobilité au GNV/bioGNV restent inquiets. Alors que la pression est toujours plus forte pour verdir la mobilité en raison de l’emballement climatique et de la dégradation de la qualité de l’air, rien ne bouge vraiment en apparence du côté des pouvoirs publics pour soutenir d’autres solutions que l’électrique à batterie ou à pile hydrogène. Pourtant, des transporteurs pionniers et réfléchis ont depuis des années investi dans une filière mature et efficace. Non pas pour faire plaisir à des constructeurs de camions ou à des producteurs de carburants d’origine fossile, mais au contraire avec pour effet bénéfique de développer l’économie locale dans une boucle vertueuse. A l’heure d’un marché du gaz naturel qui s’étrangle et où les prix explosent, le biogaz s'impose comme la principale alternative pour sortir de la dépendance du gaz fossile.

Une norme Euro 7 plus ouverte au GNV/bioGNV ?

A échéance, 2030, 2040, et même 2050, il est clair que l’électrique à batterie ne permettra pas de totalement verdir les flottes de véhicules des entreprises ni le parc roulant des automobilistes particuliers. La norme Euro 7 dont on devrait connaître plus précisément les contours à l’approche du mois de juillet prochain va enfin s’attaquer aux polluants que sont les particules et oxydes d’azote, pour ne citer qu’eux.

Ce qui devrait permettre de faire ressortir d’autres solutions, tel le biogaz. En espérant qu’une prime au rétrofit GNV soit mise en place en France, comme c’est le cas pour l’électrique à batterie et l’hydrogène. C’est en tout cas ce qu’espère Tanguy, 21 ans, étudiant en alternance, venu de Bordeaux à Locminé pour soutenir cette idée. S’il prend la pose en simulant un plein de GNC à la station Karrgreen, sa voiture acquise auprès d’une agence de casting après le tournage d’un film ne roule encore qu’au SP98.




« Je suis un passionné de Yougtimers et j’adore la configuration de cette voiture, son moteur, sa couleur et sa finition. Avec sa climatisation et sa banquette 2/3-1/3, c’est la meilleure présentation pour cette Citroën BX GTI phase 2 », explique Tanguy. « Je souhaite convertir cette voiture pour qu’elle roule au bioGNV. Et ce, pour des raisons environnementales et géopolitiques, encourager le développement des carburants alternatifs durables et une certaine économie circulaire. Je suis pour que notre pays soit de moins en moins dépendant des énergies fossiles et du pétrole en particulier », détaille-t-il. « Je ne souhaite pas que cette voiture devienne électrique car je n’ai pas envie de perdre la sonorité de son moteur. En outre, une telle transformation alourdirait le véhicule et j’aime bien l’idée de conduire une voiture relativement légère », justifie-t-il. « A Bordeaux, je prends les transports en commun, en particulier des bus qui roulent déjà au GNV. C’est une bonne sensibilisation à ce carburant », rapporte Tanguy. « J’ai obtenu des estimations à plus de 5 000 euros pour convertir ma voiture. C’est trop élevé pour un étudiant, même en alternance, comme c’est mon cas. Je serais prêt à mettre l’équivalent de 200 euros par mois pendant 10-12 mois, soit 2 000 à 2 400 euros. C’est pourquoi j’espère que le gouvernement mettra en place une prime qui me permettra d’aller au bout de mon projet », plaide-t-il. « J’aurais également besoin de l’avis éclairé de professionnels de la conversion au GNV. Ma BX GTI a tendance à ne bien fonctionner qu’avec le SP98 additivé. Peut-être parce qu’elle ne roule pas très régulièrement. Avec le SP95, le ralenti est un peu instable et la puissance en retrait. J’aimerais savoir si la conversion au GNV est bien compatible avec ce modèle, si le moteur ne subira pas un vieillissement précoce. La voiture n’a que 130 000 km et le moteur tout son dynamisme », réfléchit-il.

Des pièces fournies par Biogaz4Life ?

Biogaz4Life (Courant porté par l’association 4LTerre’Native) était également présent avec 2 Renault 4 des années 1980, amenées par Gaël Dragonar (chef de projet éolien à Poitiers), Baptiste Guimard (en cours de stage de fin d’étude en chef de projet Energies renouvelables), Xavier Toublanc (responsable pour Sanders Bretagne en approche globale des exploitations agricoles), et Théophyle Mini (ingénieur en agro-écologie et agriculture biologique).

« Nous souhaitons aider la conversion au bioGNV, en particulier pour les Renault 4. Nous avons réussi à rassembler le nécessaire pour former des kits complets. En revanche, nous ne sommes pas installateurs. Mais nous pouvons mettre en relation les personnes intéressées avec des professionnels qui monteront le matériel que nous avons réuni », souligne ce dernier. « Notre kit pourrait d’ailleurs très certainement être utilisé pour convertir la BX GTI de Tanguy. Nous allons ouvrir bientôt un site Internet pour expliquer notre mission et notre offre », souligne-t-il.

4L Trophy

Les 2 Renault 4 ont été achetées pour de prochaines participations au 4L Trophy. L’une d’elle au moins devrait prendre le départ dès cette année pour le Maroc. Par cette action, Biogaz4Life souhaite rendre visible la possible conversion au bioGNV de véhicules sympathiques, mythiques, plus ou moins anciens, et d’une utilisation potentiellement quotidienne. Leur choix n’est pas fermeture, mais au contraire un point de départ pour une ouverture très large qui appelle également à la mise en place d’une prime au rétrofit GNV. Karrgreen soutient ce mouvement. Déjà en ayant participé financièrement à la modification d’une des Renault 4.

« Cette aide nous a permis d’acheter le vapodétendeur et tout le kit avant de notre fourgonnette vitrée. Nous avons aussi bénéficié de 2 pleins de bioGNC gratuits, 1 à Locminé et l’autre à la station de Ploërmel », illustre Théophyle Mini. Grâce à des stickers apposés sur la voiture sponsorisée, Karregreen sera visible jusqu’au Maroc. Un top départ symbolique sera mis en scène à la station de Locminé, avant que le véhicule rejoigne Biarritz où l’envoi officiel du 4L Trophy sera donné, jeudi 5 mai prochain.

Les 2 HY de Karrgreen

« Par notre sponsoring, nous souhaitons mettre en avant des initiatives qui mêlent projet humanitaire et mobilité au GNV. C’est le cas avec cette participation au 4L Trophy. Nous voulons aussi soutenir la transformation de véhicules plus ou moins anciens. Nous avons nous-mêmes fait convertir 2 utilitaires Citroën HY », indique Maëlynn Weber, chargée de communication chez Karrgreen.

« En plus du rétrofit GNV, l’une des camionnettes a été transformée en food-truck et l’autre en glacier. Ce sont pour nous des supports de communication que nous exposons dans des salons ou des manifestations sportives. Avec l’une d’elles, nous sommes même allés à la foire de Châlons-en-Champagne », développe-t-elle. « Avec le rétrofit au GNC, ces utilitaires, comme les 4L, bénéficient de la vignette Crit’Air 1. Alors que les zones à faibles émissions vont s’étendre, nous sommes également pour l’instauration d’une prime gouvernementale pour aider la transformation des véhicules », conclut-elle. 



Remerciements et précisions

Gaz Mobilité et moi-même remercions Maëlynn Weber, Tanguy et les membres de Biogaz4Life pour leur disponibilité. A noter que ce sont ces derniers, et en particulier Théophyle Mini, qui sont à l’origine de cette rencontre à laquelle Gaz Mobilité a été invité.

A noter, pour une parfaite transparence, que Tanguy interrogé ci-dessus est mon propre fils. Son témoignage est bien réel. La volonté de convertir la BX vient de lui, et de lui seul. Je lui ai juste transmis mes craintes et interrogations sur la capacité de ce modèle à bien supporter la conversion. Il a tenu à effectuer, à l’occasion de ce petit rassemblement, le déplacement depuis Bordeaux, en transport en commun et à ses frais. Biogaz4Life et Karrgreen ont d’ailleurs adapté leurs emplois du temps pour réunir un maximum de personnes.
 

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Philippe SCHWOERER Philippe SCHWOERER
Journaliste
Très tôt sensibilisé aux économies d'énergie, Philippe défend une mobilité durable plurielle à travers ses articles publiés dans plusieurs médias en ligne.

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3 Commentaires

  1. AlberiPublié le 12/04/2022 à 10:33

    Bonjour,
    Merci pour cet article intéressant et nécessaire. Mais que signifie " le bioGNV est resté à moins de 1,50 euro dans les réseaux militants" ?

  2. RENE LA LABRICOLEPublié le 19/04/2022 à 11:28

    Je ne comprend pas, moi le G.N.V m’est facturer a plus de 3,30 le kg j’avais un badge et je payais en fin de moi, je suis artisant j’ai un camion au GNV je voudrais desexplication 06.58.78.16.72

  3. Ludo Publié le 19/04/2022 à 13:32

    Bonjour,
    Pour répondre à @Alberi, je pense que le bioGNV n’a pas subit les hausses du GNV issu de l’exploitation des « champ » de gaz naturel. Le bioGNV, étant le résultat de la fermentation de déchets végétaux, ne suit pas du tout la même filière, d’où une certaine stabilité du prix.
    Ici en région toulousaine, je ne trouve pas de bioGNV et donc ma panda hybride ne roule qu’au 95E10 depuis la hausse du Gaz naturel…
    Dommage …

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